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Cuisine extraterrestre pour Thomas Pesquet

Thomas Pesquet est spationaute et le jeudi 17 novembre est une date historique pour le Français : il doit décoller de la terre ferme à Baïkonour pour rejoindre l'espace. Direction la Station spatiale internationale (ISS) pour une mission de 6 mois. Un double événement car il est le premier tricolore à partir depuis 2008, mais aussi parce qu'il le fera en digne ambassadeur de la cuisine française.
En effet, s'envoleront avec lui quelques plats concoctés par 2 grands chefs français.

Cuisine spatiale Thomas Pesquet

Alain Ducasse et Thierry Marx vers les étoiles

Dans ses bagages spatiaux, il emporte 13 créations imaginées par Alain Ducasse (l'homme aux 23 restaurants sur la planète terre) et Thierry Marx (le roi de la cuisine moléculaire) : de la joue de bœuf bourguignon, à la langue de veau Lucullus, en passant par le crémeux au citron ou le suprême de veau aux morilles... 

Les chefs (étoilés, forcément...) prennent une autre dimension en ayant l'objectif de préparer des plats populaires destinés à remémorer à l'astronaute ceux de notre douce France. En 2013, le chef turinois Davide Scabin avait ainsi composé un tiramisu et un risotto au pesto pour l'Italien Luca Parmitano. En 2015, l'anglais trois fois étoilé Heston avait été le premier à envoyer une tasse de thé et un sandwich au bacon dans l'espace.

Mais comment sont expédiés les plats ?

Par vaisseau cargo, après deux années de tests et de validation. La méthode utilisée pour la cuisine extraterrestre est celle de la déshydratation. Comme l'indique Le Figaro, ce sont parfois les clients des restaurants terrestres qui ont servi de cobaye à l'expérimentation spatiale. C'est ainsi que la "langue Lucullus, foie gras, salsifis au beurre noisette et sauce Périgueux» a été testé par Thierry Marx, au Mandarin Oriental (Paris), avant de se retrouver sur une lampe de lancement.

Un cahier des charges astronomique

Avant d'aboutir à la naissance de ces recettes extra-planétaires, il a fallu respecter un cahier des charges ultra-rigoureux en matière de respect des normes spatiales.... Il faut savoir que les aliments doivent pouvoir être conservés à température ambiante pendant 24 mois, dans des conditions sanitaires irréprochables. Le conditionnement des plats est réalisé sous forme de sachets lyophilisés ou de boîtes de conserve. Sachant que dans l'espace, les goûts sont moins "relevés", les chefs ont dû utiliser des procédés de cuisine classique comme l'emploi des épices ou la réduction de sauces. On apprend qu'un aliment était banni : le pain, jusqu'à ce que le chef britannique crée une mie qui ne s'émiette pas (les miettes volantes pouvant créer... des dommages matériels).

De l'espace à l'HACCP

Mais finalement, de l'espace aux cuisines des professionnels, il n'y a qu'un pas. A commencer par la réglementation sur l'HACCP. L'Hazard Analysis Critical Control Point (HACCP) - en français « Analyse des dangers – points critiques pour leur maitrise » - qui est une méthode américaine, née dans le courant des années 60 et issue d'expériences spatiales. A cette période, la NASA souhaitait envoyer des hommes dans l'espace, et pour ce faire, il fallait garantir une sécurité maximum quant aux aliments transportés pendant le voyage. C'est ainsi que le système destiné à éliminer tout risque sanitaire a été mis en place et qu'il est utilisé encore aujourd'hui dans la restauration.